J’adore la neige. J ’adore Lyon. Aujourd’hui la ville c’est transformé, et comme je me suis levée tôt - 9 h pour un jour de RTT - j’ai pu progressivement voir sa  métamorphose.

 

Tôt ce matin, il faisait très froid. J’ai voulu prendre un Vélo’V pour aller à la mairie du 3eme, mais les selles étaient givrées. Finalement, j’ai pris le bus et le métro.


J’ai retrouvé un plaisir oublié : écouter de la musique dans un lieu public. Pendant que la foule s’agite, que la marée humaine se déplace, vie, on a l’impression d’être observateur. D’être le  metteur en scène d’un clip.
J’observe : Un couple de lycéen s’embrasse à pleine langue dans la rame de métro reliant Bellecour à Guillotière. Un papa taquine sa gamine avec affection. Un homme fatigué aux  yeux hagards croise mon regard sans me voir… Des gens qui marchent, des gens qui ont mon rythme dans leurs pieds, des gens qui rient aussi.


Lyon a décidé d’être joyeuse ce vendredi.


Tout parait simple. Je monte au premier étage de la mairie et m’inscrit sur les listes électorales… -  Je sais, honte à moi de ne pas l’avoir fait plus tôt. Mais je ne me sentais pas concernée. Aujourd’hui, un peu plus -
Cinq minutes plus tard, je me dirige vers la poste. Personne dans la file d’attente pour une foi. Une fonctionnaire aigrie et coincée me fait la morale car je n’ai pas fait signer le bon de retrait de courrier par mon homme. Je lui présente pourtant sa carte d’identité, mais je me fais gronder quand même. Je m’en fou, c’est vraiment une trop bonne journée. Elle finit par me donner le colis.


Le froid est sec, mordant, ça pique ! Je décide de reprendre le métro à la Part dieux, afin de me réchauffer un peu. J’en profite pour faire deux trois courses utiles.


Il est 11h, et j’ai faim. Je vais à la « pomme de pin » au RDC et m’assoie dans le coin fumeur.
Un gars, qui me semble un peu paumé me demande si ce que j’ai aux oreilles et un lecteur MP3. Il continue par me poser plein de questions sur ma vie, mon travail, la musique, le foot… On finit par discuter un peu. Je lui parle de mon métier (qu’il ne comprends pas), je lui dit que je suis fiancée (comme ça, au moins les choses sont clairs) et que je préfère le rugby.
A mon tour, je lui demande ce qu’il fait dans  la vie… et là… Il s’est senti tout embarrassé. Il me dit en bégayant qu’il vient de passer une longue période d’hospitalisation… merde… je me sent ridicule. Cet homme est paumé, il est seul et il vie avec une pension d’invalidité. Et moi je lui balance au visage ma petite vie parfaite.

Comme finalement, il ne fait rien pour que je me sente mal à l’aise, nous continuons à discuter.

C’est étrange. Ça faisait longtemps que je n’avais pas discuté avec un inconnu. Je crois qu’avec l’age, je me suis un peu renfermée.
Aujourd’hui, je suis seule, et donc tout simplement, plus réceptive.

11h30. Après avoir fumé une cigarette en compagnie de l’inconnu, je m’en vais reprendre le métro.Je descends à Saint Jean. Il neige sur la cathédrale. L ’air c’est réchauffé, mais les pavés de la rue piétonne sont glissants.
J’adore ce quartier. Qui n’aime pas d’ailleurs ? A chaque coin de rue, je revis un tas de souvenirs de mes année d’étudiante : Ici une bonne cuite entre copine, là une crêpe aux nutella, à cette porte une visite guidée des traboules, sur cette marche un baisé d’adieu, et dans ce pub, les meilleurs cocktails de toute mon existence J.

Je sonne chez Delphine, la copine pianiste avec qui je vais répéter.
Il est midi. Nous attendons Mathias, le guitariste, et nous travaillons deux bonnes heures. C’est un moment vraiment sympa, mais je suis un peu déçue de ma voix qui n’est pas au top à cause d’un petit rhume qui ne me lâche plus.

Je reprends le métro pour retrouver mon esthéticienne préférée : une petite blondinette avec l’accent de Montélimar qui a chaque visite  cherche à m’échancrer un peu plus le bikini.

Je finis ma journée et il n’est que 16 h. Je n’arrive pas à y croire. Tout est blanc et le paysage a totalement changé. Je vais faire quelques courses avant de rentrer bien au chaud dans mon appartement. Pour que la journée soit vraiment parfaite, je m’ouvre une petite barquette de sushis que je dévore devant une émission de télé sur les imitateurs.

Je ne sais pas ce que j’ai en ce moment, mais je me sens en phase avec moi-même. J’aime ma vie, et les gens qui m’entourent. Il paraît qu’une femme commence à avoir vraiment confiance en elle à l’approche de la trentaine. Ça doit être ça.

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